Citation à l'ordre du régiment de la commune de Cavillon (1948)
Présentation du document :
- Le document du mois de mai est un diplôme consignant la citation à l'ordre du régiment de la commune de Cavillon délivrée le 11 novembre 1948 par Max Lejeune, alors secrétaire d'État aux Forces armées.
- La citation récompense les actions et comportements exceptionnels durant un conflit, hiérarchisée comme suit, depuis la Première Guerre mondiale. Elle est matérialisée par la remise d'un diplôme consignant et relatant les comportements récompensés.
- Un homme, une unité militaire ou encore, comme c'est le cas ici, une commune peuvent être cités et récompensés.
- Chaque citation s'accompagne de la remise de la Croix de Guerre et peut-être décernée, dans un ordre croissant de prestige, à l'ordre :
1. du régiment - Croix de Guerre avec étoile de bronze
2. de la brigade - Croix de Guerre avec étoile de bronze
3. de la division - Croix de Guerre avec étoile d'argent
4. du corps d'armée - Croix de Guerre avec étoile de vermeil
5. de l'armée - Croix de guerre avec palme de bronze
- Ces récompenses peuvent être cumulatives et répétées. Ainsi, le soldat, l'unité militaire ou la commune peuvent se voir attribuer plusieurs étoiles ou palmes sans limite de nombre en cas de citations multiples.
Pourquoi citer Cavillon à l'ordre du régiment ?
Entre 30 et 49 % du territoire de la commune est détruit pendant la Seconde Guerre Mondiale. La campagne de France du 10 mai au 22 juin 1940 affecte effectivement durement cette commune située sur la ligne Weygand. Ce front défensif de 600 kilomètres de long a pour objectif de s'opposer à l'avancée rapide de l'armée allemande vers Paris. Il est précisément établi au sud du fleuve Somme et prolongé vers l'Est jusqu'à la ligne Maginot après que la Wehrmacht ait encerclé une grande partie de l'armée française dans le Nord et en Belgique.
Ainsi, le 5 juin, lors du lancement du "Fall Rot" (plan rouge) de l'armée allemande, destiné à envahir la France, Cavillon se retrouve immédiatement englobé dans une des positions de résistance de l'armée française et souffre des violents combats entre les bélligérants.
Les destructions et l'énergie déployée par les habitants pour reprendre une vie quotidienne marquée par la reprise du travail et vraisemblablement par la reconstruction du village explique cette citation à l'ordre du régiment.
Appendice historique :
La résistance acharnée des forces françaises ralentit la progression allemande mais, inférieures en nombre et en armement pour défendre un front aussi étiré, l'armée allemande parvient à percer la ligne de défense en plusieurs endroits dès le 5 juin lui permettant dans les jours qui suivent de progresser vers le Sud.
La 5e Division d'Infanterie Coloniale (DIC) citée sur ce document nous rappelle à d'autres évènements tragiques géographiquement et temporellement proches : l'exécution par les soldats allemands les 5 et 6 juin 1940 des prisonniers tirailleurs sénégalais du 44e régiment d'infanterie mixte de tirailleurs sénégalais, unité composant la 5e DIC, défendant les positions de l'armée française entre Saint-Pierre-à-Gouy et Hangest-sur-Somme.