Le document du mois de mars 2022 est un arrêté municipal pris par le maire de la commune de L'Etoile en 1909. Il fait partie du fonds d'archives historiques déposé par la commune de l'Etoile auprès des Archives départementales de la Somme puis, suite à la révocation de ce dépôt par la commune, déposé, en septembre, 2020 auprès du Service intercommunal d'Archives. Il est conservé sous la cote ETO_DEP_2D1.
Cet arrêté fut pris afin de réglementer la fête de la mi-Carême en mars 1909. Le Carême constitue la période d'abstinence de quarante jours précédent la fête de Pâques que les Chrétiens célèbrent comme étant le jour de la résurrection de Jésus-Christ.
Sa temporalité est fluctuante d'année en année en raison de la fixation du jour Pâques qui, depuis 325, a lieu le premier dimanche suivant la première pleine lune après l'équinoxe de Printemps.
La fête de mi-Carême est beaucoup plus récente que le Carnaval dont les modalités festives sont pourtant très proches. Il s'agit, vingt jours après le début du Carême, au moyen de plaisirs bruyants, de défilés déguisés et chantés, de briser cette première phase d'abstinence. Ce faisant, les produits gras et initialement bannis sont, pour l'espace d'une journée, de nouveau autorisés à être consommés. De maison en maison, les mets sont partagés entre habitants et voisins et arrosés de boissons en tous genres.
Une raison plus pratique porte sur la nécessité de ne pas perdre les denrées périssables qui ne sont plus consommées car proscrites par les autorités religieuses en période d'abstinence et notamment les oeufs. Leur durée de conservation étant d'environ vingt jours, c'est cette échéance qui détermina la date de la fête de mi-Carême
Encadrer les débordements
Cet arrêté témoigne par ailleurs d'une pratique propre à cette fête de mi-Carême. Il semblerait que la coutume dans certaines villes de donner un bal lors de Mardi Gras, la veille du début du Carême, par les jeunes hommes, trouve son répliquant féminin lors de la fête de mi-Carême.
L'un des deux visas de cet arrêté est à ce propos une demande d'un groupe de jeunes gens pour qui l'abstinence du Carême devait être particulièrement difficile à supporter. Suivant la coutume désormais instituée, ils demandent auprès de la municipalité la possibilité d'organiser la fête de mi-Carême.
Il est notable de souligner que cet arrêté insiste sur l'unicité de cette journée de fêtes. À l'inverse du Carnaval qui précède Mardi Gras, la fête se trouve être circonscrite à une seule journée. La raison est double : le jeûne ne doit pas être brisé plus que de mesure mais, surtout, il est nécessaire de contenir les débordements populaires et donc d'éviter que la période qui leur est propice ne soit par trop étendue. Ces occasions festives constituaient effectivement des occasions de débauches en tout genre et de débordements plus ou moins violents.