La collégiale de Picquigny (1975)
Histoire de l'édifice
- Le document du mois de janvier 2023 est une carte postale en couleur datée de 1975 ayant pour sujet l'église collégiale Saint-Martin de Picquigny.
- Ce document est issu des dons d'archives privées reçus par le Service intercommunal d'Archives de la Communauté de communes Nièvre et Somme. Il ne possède pour l'heure pas de cotation mais rejoindra la sous-série 1FI, sous-série dédiée aux documents iconographiques entrés par voie extraordinaire.
- Cette carte postale fut éditée en 1975 à l'occasion des 500 ans du Traité de Picquigny qui mit fin officiellement, en 1475, à la guerre de Cent ans. Ce traité aurait eu lieu, si ce n'est sur la fameuse île de la Trêve, comme le véhicule la légende, vraisemblablement non loin de celle-ci, sur un pont construit à cet effet nous rapporte le chroniqueur royal Philippe de Commynes.
- Cette collégiale est perchée sur un site castral, en l’occurrence le coteau calcaire du versant sud de la vallée, dans l'enceinte du château de Picquigny. La topographie des environs immédiats laisse penser à un amphithéâtre naturel. Le bourg se trouve en contrebas ce qui constitue une contrainte pour les habitants qui devaient monter la cote ou les marches de l'escalier Saint-Jean afin d'arriver à la collégiale.
- C'est en 1066 que le seigneur de Picquigny, Eustache, fonde un chapitre de chanoine dans l'église qui porte alors déjà le vocable de Saint-Martin. Cette église devient alors une Collégiale, elle est effectivement gérée par un collège de chanoines, vraisemblablement au nombre de huit en 1066. Ces chanoines sont dotés d'un revenu conséquent qui se nomme la prébende.
- La fondation d'un chapitre collégial témoigne de la puissance séculière et financière du seigneur de Picquigny. Celui-ci se nomme vidame, du latin vice dominus, "le vice maître", celui qui fait office de seigneur au nom d'un autre, plus puissant. Il s'agit ici de l'évêque d'Amiens qui a confié au vidame la charge d'administrer l'ensemble de ses possessions séculières.
- Eustache de Picquigny part cette même année de 1066 pour l'Angleterre à la suite de Guillaume le Conquérant. C'est donc probablement avant de partir que l'église devient collégiale, une façon d'obtenir la protection de Saint-Martin durant les combats.
- L'édifice mesure à l’intérieur 40 mètres de long sur 15 mètres de large et fut classé Monument historique en 1906.
Eléments architecturaux extérieurs
- L'élément prépondérant que donne à voir cette carte postale est le clocher. À la fois massif et élancé, il prend appui sur la croisée du transept. Il culmine à 50 mètres de haut en incluant le Coq de la girouette. Sa verticalité est accentuée par la très haute toiture à quatre pans qui viennent le coiffer. Cette toiture s'inscrit dans les hautes toitures des édifices religieux du style gothique picard finissant, c'est à dire à partir du XVème siècle. Ici le clocher a été édifié au XVIème siècle sur une base du XIIIème siècle. Il est caractéristique du style dit "gothique flamboyant", en atteste notamment les remplages flamboyants des faces méridionales, septentrionales et orientales qui murent partiellement les baies laissant le sons des trois cloches que le clocher contenait jusqu'au XVIIème siècle, se diffuser dans la vallée.
- Comme de nombreux édifices religieux, la collégiale de Picquigny est constitué d'un agrégat de reconstructions au fil du temps. Ainsi, ne subsiste des origines plus qu'une partie des murs du transept tandis que la nef fut construite au XIIIème siècle alors que le chœur et l'abside datent quant à eux des XVème et XVIème siècle. On notera même un portail de style néo-classique (XVIIème) sur la façade occidentale.
- En mai 1950, des enfants ayant allumé des bougies sous la toitures provoquèrent un incendie qui détruisit la toiture de la nef, les orgues ainsi que les vitraux. La toiture fut reconstruite en 1959 en tuiles plates cuites au four et en 2008 cette toiture fut entièrement refaite en ardoises.
Depuis 2009, l'association des amis de la collégiale de Picquigny œuvre à l'entretien et à la sauvegarde de la collégiale tout en assurant une animation culturelle par des concerts et des expositions.