"Une arme pour la France"

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  • Le document du mois de mai est un manuscrit du chant des partisans, conservé sous la cote 5AP61. Il fait donc partie du fonds 5AP, le fonds d'archives privées de la famille Merchez. Son instrument de recherche est disponible ici : 5AP - fonds MERCHEZ
  •  A l’occasion des 80 ans du premier enregistrement officiel du chant, le 30 mai 1943, le Service intercommunal d’Archives (SIA) a fait le choix de mettre en lumière ce chant, le plus célèbre des chants de la Résistance française, l’un des seuls qui nous soient parvenus, et, à ce titre, porteur d’une forte dimension symbolique.
  • Le contexte de réalisation de cette pièce conservée par le SIA reste difficile à définir. Si l’écriture semble bien être celle d’Aimé Merchez, responsable du Front national de la Somme durant la Deuxième Guerre mondiale, décédé en déportation le 19 avril 1945, il est impossible de déterminer la date précise et la raison pour laquelle il fut consigné sur un feuille de papier. Par ailleurs, cette pièce constitue l’un des seuls témoignages dans ce fonds d’archives de l’activité résistante d’Aimé Merchez.
  • Nous devons à Anna Marly, auteure, compositrice, émigrée russe en France en 1921 et engagée dès 1940 comme cantinière dans les Forces Françaises libres (FFL) à Londres, le texte et la musique originels de cette chanson, initialement rédigée en russe, en 1941, et portant le nom de Marche des Partisans. Habituée à siffloter cet air pour les FFL lors des services de cantine, Anna Marly rencontre un franc succès avec ce chant qui sera bientôt diffusé sur les ondes de la BBC et produit sur scène en 1942.
  • En mai 1943, le FFL André Gillois, cherche un indicatif pour l’émission « Honneur et Patrie » diffusée sur la BBC à destination des résistants de l’intérieur. Anna Marly, par l’entremise d’Emmanuel d’Astier de la Vigerie, résistant, fondateur du puissant mouvement de résistance Libération Sud, qu’elle a rencontré en 1942 à Londres, rencontre Joseph Kessel et Maurice Druon, deux écrivains arrivés à Londres afin de s’engager dans la Résistance. Le but de cette rencontre est la reprise du chant original en russe afin de l’adapter selon le souhait d’Emmanuel d’Astier de la Vigerie afin qu’il apparaisse comme venant directement des maquisards français. Le 30 mai 1943, la première version française est enregistrée et diffusée.
  • Si le texte du chant est volontairement diffusé dans les réseaux de résistance dès l’été 1943, Emmanuel d’Astier de la Vigerie apportant avec lui le manuscrit original en France, il faut attendre la Libération pour que la chanson s’impose et devienne très populaire.
  • Le talent d’Anna Marly était aux dires du général de Gaulle, qu’elle avait servi en tant que cantinière à Londres, « une arme pour la France ».
  • Aujourd’hui, le manuscrit apporté en France à l’été 1943 est conservé par le musée de la Légion d’honneur et fut classé par arrêté ministériel du 8 décembre 2006, monument historique.